Information sur la contraception

Manifeste pour une meilleure information à la contraception

Le 26 septembre est la journée mondiale de la contraception. Journée inutile en France ? Bien au contraire, une journée qui reste encore et toujours d'une importance cruciale.

À travers mon témoignage très personnel et mon parcours, j'attire votre attention sur le manque d'écoute et d'informations qui pavent le parcours contraceptif en France. 

J'ai eu la chance d'être accompagnée par mes parents, d'avoir accès à l'information et aux soins, de ne pas avoir subi de violences obstétricales. Malgré cet environnement favorable, mon parcours, banal, n'en reste pas moins violent. Un cheminement que je ne souhaite aucunement à nos filles.

Alors, ouvrons le débat et parlons-en entre nous. Entre femmes, entre hommes, entre hommes et femmes, en société.

Mes débuts avec la contraception

Nous sommes en 2006 ou 2007 lorsque je débute la pilule contraceptive. J’ai 17 ans et je prends une pilule de 3e génération.

Mon angoisse ? Prendre du poids avec cette contraception. Je me souviens d’une chose : les professionnels de santé la balaient d’un revers de main. Ce serait probablement "la meilleure chose à me souhaiter".

Seulement voilà, je traverse depuis 3 ans déjà des troubles du comportement alimentaire et le poids est un sujet plus-que-sensible pour moi, bien que je sois très en-deçà des courbes. Je ne crois pas qu'une prise de poids soudaine puisse guérir mon mal-être... bien au contraire.

Complications de 3e génération

Quelques mois ou années (mes souvenirs sont imprécis) après le démarrage de cette pilule, mes prises de sang témoignent d’une hausse anormale de mon cholestérol.

Moi, Gaëlle, anorexique. Moi, Gaëlle, étudiante dans une classe prépa parisienne, bûchant nuit et jour. Me voici donc sous régime. Absurde, non ? Ou dangereux pour ma santé ?

Bilan de la manœuvre, 6 mois de régime pour rien. Et un changement de dosage qui suffit, à lui seul, à régler tous les maux.

Contraception, TCA* et maternité

*TCA = troubles du comportement alimentaire

Les années passent, et vient le jour où je cherche à devenir maman. Nous sommes en 2018. J’arrête ma contraception, bien entendu. Et redécouvre les.  désagréments qui vont avec. Les années passent encore avant que notre fille n’arrive (fin mars 2020).

Spoiler : il y a quelques mois, j’ai découvert que les troubles alimentaires entraînaient généralement des déséquilibres hormonaux conséquents… Mais ça, personne ne m’en a jamais parlé. On me disait à l’époque qu’il fallait « arrêter d’y penser (à la grossesse), de stresser et de faire des sports à impact (je pratiquais alors la course et le badminton, mes 2 soupapes) pour que mon corps accepte une grossesse. Ah, et prendre du poids. »

Post-partum et contraception

Notre fille est âgée de 6 mois lorsque je décide de reprendre une contraception. Persuadée que les hormones ont empêché ma grossesse d’advenir, je ne veux plus en entendre parler. Je prends donc le parti d’un stérilet au cuivre (DIU). Je suis liquéfiée à l’idée d’une pose douloureuse. Ce sera la première fois qu’un médecin retouchera à mon corps post partum. Je suis sur la défensive.

La pose se fait sans mal. Mais, la semaine qui suit, je supporte 7 jours de contractions utérines terribles. J’ai un ventre de 4 mois de grossesse et des douleurs de début d’accouchement. Sur la notice, il faut consulter son médecin après 2 jours de douleurs continues. J’appelle. Je m’entends répondre que c’est normal et qu’il faut prendre un Spasfon. Je raccroche. Je me tords de douleur.

Ces contractions finissent par passer et je découvre l’enfer de règles terriblement abondantes d’une durée de 5 à 7 voire 8 jours. Le handicap de ce quotidien au boulot. Des changes trop rapprochés. Un seul WC avec lavabo à mon étage. La peur de la fuite, de l'odeur, la sensation trop fréquente d'humidité, la déconcentration.

Je résiste un an et demi et décide de retirer cet intrus. Tant pis, je me débrouillerai sans.

Nous, nous débrouillerons sans.

Pour faire de la contraception un sujet de couple et au-delà

Cette histoire banale est une histoire de femme. Elle est devenue une histoire de couple et aspire à être une histoire de société.

Parce que cela abolirait ces petites violences ordinaires qui entourent la contraception féminine, sans même parler de violences obstétricales. Je n’ai rencontré qu’un manque d’écoute et d’informations. C'est déjà suffisant, non ?

Voilà pourquoi aujourd’hui, je suis convaincue qu’une journée mondiale de la contraception est encore nécessaire, même en France.

Voilà pourquoi je vous invite à témoigner ou lire des témoignages de nos parcours banals, qui sont parfois révoltants.

Voilà pourquoi je vous invite à en parler, en famille, et à vous renseigner en commençant par l’excellent article de notre rédactrice Anne Durdek, pensé comme un panorama des méthodes contraceptives.

 

2 ressources qui m'ont fait réfléchir

- Les contraceptés, BD de Guillaume Daudin, Stéphane Jourdain et Caroline Lee, Ed. Steinkis, 2021

- Le Chœur des femmes, Martin Winckler, Folio, 2017 et sa version graphique, illustrée par Aude Mermilliod aux éditions Lombard, 2021

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